Ce matin, ma petite demoiselle a voulu mettre une robe. Comme pratiquement tous les jours. Les deux adorent s’habiller avec des robes ou des jupes. Elles se sentent bien, à l’aise, elles s’aiment comme ça.
Sauf que ce matin, ma petite demoiselle a insisté pour mettre un legging sous sa robe. Alors que la journée promet d’être douce pour un mois d’octobre. Et qu’elle préfère généralement ne pas en mettre. Donc, je lui ai demandé si elle avait froid.
Non, non. C’est parceque sinon, je ne peux pas faire de cumulets sur les jeux de la cour.
Comme elle me bombarde souvent d’informations qui n’ont pas nécessairement de lien entre elles, je lui ai demandé s’il y avait un lien entre le legging et le fait de pouvoir utiliser les jeux de la cour. Parce que, sur le coup, je n’ai compris.
Bein oui! Sinon, les madames ne voudront pas me laisser aller sur les jeux. Parce que si on a une jupe ou une robe sans un legging ou des bas, on peut voir notre culotte. Et c’est sale.
…
Pardon? Je me dis que j’ai mal compris. Ou elle. Mais sa sœur confirme. Si on met une jupe/robe, faut un pantalon ou pantacourt en dessous. Parceque c’est sale.
Sale? SALE? En quoi une petite fille de 6 ans qui fait un cumulet sur une corde et risque de montrer ses sous-vêtements (propres et fort jolis en plus!) pendant 4 secondes est sale?
POUVEZ-VOUS NE PAS METTRE DANS L’ESPRIT D’UNE ENFANT DE 6 ANS QUE SON CORPS OU SES GESTES SONT SALES, BORDEL?
On a discuté de ce qui est sale. Des gestes sales. Des paroles sales. De la vraie saleté, quand on jette des déchets par terre par exemple. Et on a discuté de ce qui n’est pas sale. Un enfant qui joue, qui tourne et dont on voit un bout de tissu ou un bout de peau, ce n’est PAS SALE. Que ça gêne l’adulte qui les surveille, c’est une chose. Mais qu’on fasse porter la responsabilité aux enfants, pas question!
Elle l’a mis ce put… de legging, pour pouvoir jouer sur les jeux de la cour aujourd’hui. Mais elle est au moins partie à l’école en sachant qu’elle n’y est pour rien. Ni elle, ni les autres à qui on fait la remarque. Et moi, je vais – gentillement mais fermement – attirer l’attention du Directeur de l’établissement sur ce genre de formules maladroites.
Parce que ce ne sont pas que des paroles anodines. Ce sont des messages qui font comprendre aux petites filles, dès leur plus jeune âge, que leur corps est problématique, sale, honteux, à cacher. Et puis on se demande pourquoi les filles grandissent en ne voulant plus montrer leurs jambes, en se contorsionnant pour se changer au cours de gym, en se cachant sous des pulls amples. Parce que, si on n’y prend pas garde, un jour elles cessent de s’habiller comme elles aiment juste pour correspondre aux besoins des autres.