Comme presque chaque mois, voici ma contribution au #10dumois, un challenge d’écriture lancé par Egalimère. (A découvrir ICI)
J’ai perdu le fil.
Je suis fragile. Probablement depuis toujours. A l’âge où les enfants se construisent en toute insouciance, et gagnent confiance et solidité, je commençais à me fissurer. Adolescente et jeune adulte, j’ai opté pour une solution de repli, accrochant mon fil à la patte d’autres, leur donnant le pouvoir de guider mes pas et de décider pour moi du meilleur chemin à prendre. Ca a duré un (long) temps. Jusqu’à ce que, de fil en aiguille, j’éprouve le besoin d’avancer par moi-même.
Depuis 5 ans, je suis une sorte de désiquilibriste, marchant sur un fil perché au-dessus de l’océan, cherchant à avancer malgré le vent, les vagues, les tempêtes, les monstres qui s’accrochent à mes chevilles et me tirent vers le bas. Avancer. Tomber. Boire la tasse. Reprendre de l’énergie. Remonter. Avancer encore. Retomber. Boire la tasse. Peiner à remonter. Recommencer, encore et encore.
Sauf que ces derniers temps, j’ai du mal à remonter. Je peux même dire que j’ai moins envie de remonter. Est-ce les bourrasques qui sont devenues plus fortes? Moi qui ai de moins en moins d’énergie? Ou mes monstres, dont les stratégies pour me faire tomber sont plus efficaces que les miennes pour y rester? Qu’importe. Le fait est que, à chaque chute, je reste plus longtemps dans l’eau, à la recherche de forces et de raisons pour remonter.
Il ne tient qu’à un fil que je n’y remonte plus.
Je sais que c’est compliqué à entendre, à lire. Les uns craindront la noyade. Les autres me jugeront impudique, déséquilibrée, dépressive, bonne à soigner.
Que les premiers se rassurent, je sais qu’ils sont là, tout près, tous prêts. Mes fils d’Ariane.
Que les deuxièmes aillent se faire foutre. Si tout ça vous donne la nausée, détournez le regard et épargnez-moi vos jugements. J’estime avoir gagné le droit d’exposer mes fissures et mes bleus à l’âme quand je veux, comme je veux.
Alors oui, j’ai perdu le fil. Il est caché derrière la fatigue, la peur, l’angoisse. Je ne désespère pas de le retrouver. Peut-être en mai, juste à temps pour faire ce qui me plait, qui sait?
