Et si c’était possible?

Fin de l’année dernière, Saint-Nicolas (alias l’Amoureuse géniale) m’a offert le dernier roman de Baptiste Beaulieu, Toutes les Histoires d’Amour du Monde. Elle sait combien j’aime ce médecin-auteur-humaniste, tant pour ses romans que pour ses interventions publiques (si vous ne l’avez pas encore fait, allez jeter un œil sur sa page Facebook, Alors Voilà).

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Ce dernier roman, vous vous en doutez, parle d’amour. D’Amours, même, avec une majuscule et un pluriel parce qu’il est impossible de définir au singulier toutes les forces et les formes de ce mot. C’est aussi une histoire de famille. Une famille avec des secrets, des attentes, des déceptions, des silences, des liens qui se distendent jusqu’à la limite de la déchirure.

Alors moi, ça me bouleverse, évidemment. Parce que depuis cinq ans, le lien avec ma propre maman est tellement, tellement, tellement distendu que je ne sais même plus s’il n’est pas irrémédiablement déchiré. Et que chaque tentative de rapprochement s’est soldée par un échec.

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Mais l’autre soir, pratiquement à la fin de ma lecture, j’ai eu une idée folle…

Et si je lui envoyais ce bouquin? Peut-être que je pourrais utiliser les mots de Baptiste Beaulieu pour lui faire comprendre ce qui me semble si évident, si important. C’est possible, non?

Et si c’était possible qu’en le lisant, elle sache? Que les parents font tous de leur mieux, avec leurs forces et leurs lacunes et que c’est moins grave si on s’aime. Que les enfants ne deviennent jamais une copie conforme de ce qu’on avait en tête, qu’ils sont ce qu’ils sont, sans que ce soit bien ou mal. Elle comprendrait que ce qui n’a pas été réparé finit toujours par nous poursuivre, d’une manière ou d’une autre.

Et puis elle saurait que l’Amour prend différentes formes. Que c’est pas grave. Qu’on peut aimer et se tromper. Qu’on peut aimer à nouveau et ressentir un truc plus fort que le qu’en-dira-t-on, plus fort que la « normalité ». Elle saurait que l’Amour est l’Amour, point-à-ligne-bordel. Même si l’autre est plus vieux, du côté de l’ennemi, d’une autre couleur de peau, d’une autre religion. Ou même si l’autre est du même sexe.

Peut-être qu’elle terminerait en se disant qu’il n’est pas trop tard. Que ça vaudrait la peine d’y repenser, que le lien n’est peut-être pas totalement déchiré. Qu’il reste de l’Amour malgré les mots, les maux, les silences, les déceptions, l’abandon.

Quand j’aurai terminé ce roman, je déciderai si je l’envoie ou pas. Pour l’instant, l’idée me semble folle, diablement risquée. Mais elle continue de me trotter dans la tête avec une question lancinante: « Et si c’était possible? »

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11 réflexions sur “Et si c’était possible?

  1. Je trouve que c’est une très bonne idée que de lui faire lire ce roman. Les mots de Baptiste Beaulieu raisonneront peut être de manière différente que les tiens.
    Et si c’était possible qu’elle comprenne ainsi, ce serait une nouvelle victoire de l’amour, des Amours

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  2. J’espère que tu auras le courage de le faire. Très belle idée en tout cas. La lecture est un bon vecteur. J’ai moi même prêté ou donné des livres à ma famille pour expliquer notre projet d’adoption. Et ça a marché.

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