Ta mère elle est tellement grosse…

Ce soir, on a eu une conversation étrange avec mes minis. Une conversation chelou comme dirait ma brune.

Une histoire qu’un adulte a cru bon de raconter à mes enfants…

C’est l’histoire d’une maman tellement grosse qu’on dirait deux femmes enceintes dans un seul corps. Une maman tellement grosse qu’il faudrait montrer à ses enfants des photos d’elle avant, du temps où elle avait le ventre plat, pour qu’elles sachent qu’elle n’a pas toujours été comme ça.

 

 

outrasmeninas

Dessin issu du projet « Outras Meninas », qui illustre la relation délicate des femmes avec leur corps

 

Mon histoire visiblement…

C’est comique, c’est arrivé alors que je plaisantais ce matin encore sur mon envie de tartines au beurre, dix minutes après être descendue de la balance en me disant « J’arrête de manger ».

C’est comique, c’est arrivé juste après une prise de rendez-vous avec un médecin pour m’aider à retrouver de l’énergie et un équilibre alimentaire perdu.

C’est comique la manière dont on peut perdre le souffle et l’équilibre avec une seule conversation.

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Il a fallu serrer les dents. Fort, fort, fort. Et penser à un truc vraiment comique. Du genre : « Ta mère, elle est tellement grosse qu’il faut un satellite pour la photographier. » Ha ha ha. Ou pas.

Il a fallu trouver une énergie de dingue pour continuer à cuisiner avec le sourire, en discutant de choses et d’autres comme si je n’étais pas en train de m’effondrer à l’intérieur.

Et il a fallu rappeler les bases: oui, mon corps est gros mais je ne suis pas que ça.

Mais j’ai quand même eu envie de répondre à l’adulte à l’origine de ces phrases assassines hurlées à mes enfants.

Je ne suis pas grosse. J’ai juste du gras. Mon poids ne me définit pas.

Sache que dans notre famille, on fait attention aux gens pour ce qu’ils sont, que leur corps soit grand, petit, gros, mince, habillé richement ou simplement, porteur d’un handicap ou d’une maladie

Sache aussi que dans notre maison, j’interdis les critiques sur le physique. Personne n’a à commenter le corps d’un.e autre. Et on ne donne son avis que s’il est demandé, sans jamais chercher à blesser.

Souviens-toi que, parce que j’ai grandi en apprenant à détester mon corps et à contrôler mon alimentation au point de me haïr toute entière, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter une telle situation à mes enfants. Je les encourage à manger de tout, sans se priver ni diaboliser les aliments. Je leur apprends à aimer ce corps magnifique qui leur permet tant de choses.

Ne la laissons pas penser comme ça

Et tu sais, c’est bien dommage de croire – ou pire, de vouloir faire croire à mes enfants – que ma seule valeur est réduite aux kilos que je prends ou que je perds au cours des ans.

Elles savent mieux que ça. Elles savent que je suis mille fois plus que ça. Que chacun de nous est mille fois plus que le corps qu’il.elle habite.

Est-ce que « gros » est vraiment la pire chose qu’un être humain puisse être ?

10 réflexions sur “Ta mère elle est tellement grosse…

  1. C’est déjà tellement difficile de réussir à transmettre ces valeurs à tes enfants… Tu le fais, tu leur apprend le respect d’eux même et des autres. C’est un exemple que bien d’autres personnes devraient suivre, à commencer par celles qui ont eu ces mots.

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  2. Tu as ravalé tes larmes et continué à faire le repas avec le sourire.
    Tu es allé trouver l’adulte-langue-de-vipère pour en parler.
    Waw. J’aurais été incapable de faire une telle chose. J’ai de super parents mais si il y a bien une seule chose que je n’ai pas appris c’est à réagir face à la méchanceté.
    Je n’ai jamais vu ma maman ou mon papa faire autre chose que ravaler sa colère et attendre de la digérer. Du coup, je fais pareil. Bon, c’est bien pour la paix de fuir le conflit mais pas par la paix intérieure. Et puis, certains ne sauront jamais qu’ ils m’ont fortement blessée.
    L’autre jour, des garçons se sont moqués de ma Milou qui a une tache depuis deux semaines autour de la bouche (réaction à une plante). Quand elle m’a dit cela, elle ne semblait pas vraiment peinée, cela semblait plutôt informatif. Et moi, je lui ai dit « oh mais ils sont idiots, laisse-les dire, dans deux jours ils seront passés à autre chose. » Grâce à ton texte, je me rends compte que j’aurais pu l’inviter à leur dire que leurs mots peuvent être blessants.
    Je pense que pouvoir réagir comme tu l’as fait est une force. Je pense que tu es un superbe exemple pour tes loupiotes si tu leurs dit que cette conversation t’a peinée et ce que tu en as fait. ❤

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    • Merci. MERCI. Surtout venant de toi que je prends du souvent en exemple… ❤️
      J’ai longtemps fait ça: ne rien dire, tout garder à l’intérieur. Sauf que j’ai fini par comprendre que, chez moi, ça pourrit à l’intérieur et ça me fait du mal Alors, j’écris. Et quand je peux, je dis ce que j’ai sur le coeur. Et puis je ramasse mes morceaux, je les recole avec l’Amour qu’on me porte et je me sens mieux. Ce que j’ai déposé ailleurs ne pourrit plus à l’intérieur. Je ne sais pas toujours le faire mais ici, c’était trop important.

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  5. Récemment ma fille m’a aussi fait ce genre de commentaires et j’entends la voix de quelqu’un d’autre dans ses propos. C’était sur le chemin du retour du supermarché où nous avions acheté le nécessaire pour le brunch de l’école. Tout à coup elle me sort: ton ventre est tellement gros qu’on dirait que tu attends un 3ème bébé. Ma réponse: encore une remarque de ce genre et je mange tous les muffins, du coup tu n’auras rien à apporter en classe pour la fête 🙃🙃🙃 ça m’a fait beaucoup moins mal que « je veux partager ton cadeau de la fête des mère avec Folcoche « .

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