Pour leurs anniversaires, les minis savent qu’elles peuvent me demander le gâteau décoré de leur choix. Ca me prend toujours des heures de réflexion et de préparation mais au final je réussis toujours à sortir un résultat sympa, qui m’apporte de la fierté et provoque les « waaaaaaaaaw » tant espérés.
Cette fois-ci, pour fêter ses six ans avec les copains, Mini n°2 avait demandé un gâteau arc en ciel avec un dégradé de couleurs et une chute de smarties. Ce qui, d’après Pinterest, aurait dû ressembler à qqchose comme ça :
Tout était prévu dans ma tête. Tout sauf le fait que la chaîne de magasins où j’achète habituellement mon matériel de pâtisserie soit fermée (faillite probable de l’enseigne Alice Délices en Belgique, avec une perte d’une trentaine d’emplois). Et comme je m’y étais prise à la dernière minute, je me suis retrouvée fort dépourvue lorsque le moment de cuisiner fut venu ! Mais peu importe. J’ai enfilé mon tablier, ouvert mon armoire et commencé à cuisiner.
Je commence par la base: une pâte classique, divisée en 6 parts dans lesquelles je mets du colorant (belle occasion de revoir les couleurs primaires et secondaires), je les répartis en dégradé dans un moule et les fais cuire en trois fois.
Ensuite, je badigeonne les gâteaux de confiture à la fraise (plus facile et digeste que de la crème au beurre), je creuse un puits dans la couche du milieu pour mettre une poignée de Smarties et je fais une belle tour avec le tout.
Normalement, à ce stade, j’égalise, je recouvre de pâte à sucre colorée, je décore le tout et hop, on n’en parle plus. Sauf que, comme je n’avais qu’un petit paquet de pâte à sucre blanche, je l’ai mise de côté et j’ai décidé d’improviser. A 22h, la veille de cet anniversaire. #fataleerreur
D’abord, je me dis que ce sera très chouette avec du glaçage blanc. Je prépare ce que je peux, je recouvre le gâteau… et ça s’étale à peine sur le dessus. Il aurait fallu en faire dix fois plus mais je n’en avais pas. Tant pis, je continue à improviser.
Ensuite, je me rappelle que j’ai du chocolat pâtissier en quantité et je le fais fondre pour le verser sur le gâteau. Ce qui liquéfie le glaçage qui se trouve dessous et crée un mélange grumeleux et grisâtre.
Avec le recul, je me rends compte que j’aurais du arrêter les frais à ce stade, déjà bien avancé, de connerie culinaire.
Mais noooooooon. Il me vient même ZE idée brillante : et si je recouvrais le tout de mini perles en sucre ?
Vous les connaissez, hein, ces petites perles que les marmots adorent avoir sur leurs glaces et qui croquent comme du sable sous la dent. J’avais un pot entier, j’ai entrepris de TOUT mettre sur le gâteau. Ces machins sont minuscules, ça roule partout, ça se glisse dans tous les recoins, c’est pire que des confettis ! Mais pas question de m’arrêter pour si peu. J’ai donc recouvert le gâteau de ces saletés et j’ai observé le tout continuer à dégouliner…

Gateau – version 1
Complètement désemparée, j’ai eu envie de tout jeter. Plus précisément : tout jeter, pleurer et me consoler avec de la glace au caramel. Et c’est exactement ce que la « moi » d’il y a quelques années aurait fait. A l’époque, cet échec en cuisine aurait été un drame personnel, remettant en cause la personne, la maman que je suis.
J’ai pesté, juré, envoyé des messages à mon Amour pour lui raconter combien j’étais nulle, en colère, honteuse. Juste pour un gâteau.
Puis, le calme a fini par revenir et la réflexion aussi.
A situation égale, qu’est-ce que je dis à mes minis ? Quand elles ont commencé un dessin et qu’il n’est pas comme elles l’imaginaient ? Quand leurs découpages sont plus courts que voulu ? Quand l’énervement prend le dessus ?
Est-ce que je leur dis que tout jeter ? Est-ce que je leur dis qu’elles sont nulles, qu’elles devraient avoir honte ?
Non. Alors pourquoi le faire avec moi-même ?
A elles, je leur dis de revenir au calme, seules ou avec mon aide. Je leur demande d’essayer de rattraper ce qui peut l’être. Je leur explique qu’on peut changer ses plans pour s’adapter à ce qu’on a entre les mains. Je les aide à prendre conscience qu’on peut changer de chemin et faire quand même un beau voyage.
Alors, j’ai repris ce gâteau (qui continuait à dégouliner), j’ai nettoyé mon plan de travail et à l’aide d’un grand couteau, je l’ai débarrassé de tout ce qui l’encombrait. Plus de perles, plus de chocolat, plus de glaçage. J’ai repris la pâte à sucre blanche que j’avais et j’ai travaillé avec calme et application.
Egaliser le gâteau. Le recouvrir de pâte à sucre. Utiliser les chutes pour bricoler des oreilles, des yeux, une corne. Imaginer un résultat final différent de ce que j’avais en tête initialement.
Au final, j’ai eu besoin de deux heures de plus. Mais le résultat en valait la peine. D’abord parce que cette jolie licorne a déclenché des « waaaaaaaaaaw » chez mes minis le lendemain matin. Mais aussi et surtout parce que je me suis couchée sereine, fière de moi, heureuse de m’être accordée autant de bienveillance que celle que j’accorde naturellement à mes enfants.
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