Les minis ont deux familles. Celle de maman, celle de papa. C’est leur réalité depuis quelques années déjà, au point que Mini n°2 a passé plus de temps de sa vie dans deux maisons plutôt qu’une seule.
C’est comme ça.
Et si je regrette la manière dont tout s’est déroulé et la peine causée, je sais aussi que la vie que je mène maintenant est plus en phase avec ce que je suis profondément.
En démarrant cette nouvelle vie, je savais que ce ne serait pas facile.
Je savais qu’il y aurait des plaies aux cœurs. Qu’il y aurait des larmes, des cris, qu’on ne serait pas d’accord, qu’on se ferait du mal. Je savais que l’Amour qu’on leur porte deviendrait notre seul point commun et j’espérais qu’il soit suffisant pour que leur bien-être soit notre seule priorité.
Je savais qu’il y aurait des plaies d’argent. De celles qui ne sont pas mortelles, certes, mais qui limitent les envies et les rêves. Et qui apportent une nouvelle angoisse, celle qu’une bricole vienne tout faire dégringoler. J’espérais que je trouverais toujours une solution, que j’aurais toujours le courage de me battre.
Je savais que je ne serais pas de ces mamans inactives quand leurs petits sont absents. Que ma vie serait remplie d’aventures aussi belles que celles que je vis avec elles, aussi intenses que celles qu’elles vivent de leur côté. Et que nous serions à chaque fois heureuses de nous retrouver et de partager.
Je savais que mes enfants vivraient une demi vie sans moi, avec des activités, des amis, des élans et des rires dont je ne ferais pas partie. Et que parfois je devrais serrer les dents. Mais je savais aussi que mes minis ont droit à du bonheur à temps plein. Et j’espérais être capable de toujours me réjouir de leurs joies, même celles qui se déroulent loin de moi.
Ce que je ne savais pas, c’est que ce tout ceci n’était que le sommet de l’iceberg…
Je n’avais pas anticipé le tsunami qui déferlerait sur les amis, les proches. Qu’une séparation n’était pas que la fin d’un noyau familial, mais la chute de quelque chose de plus large. Je n’aurais jamais imaginé que des bras et des portes puissent s’ouvrir aussi largement, m’accueillant sans jugement, sans questions, sans conditions. De la même manière que rien ne m’avait préparé aux portes qui se sont fermées, de façon brutale et parfois irrémédiable, faisant voler mes dernières certitudes en éclats.
Je n’avais aucune idée du manque physique que provoquerait l’absence de mes minis. De cette faille qui grandit en moi au fur et à mesure des jours qui passent sans elles. Qui se transforme en gouffre quand on compte en semaines. Et la veille des retrouvailles, cette sensation d’être une lionne en cage impatiente de retrouver ses petits.
Je ne soupçonnais pas une seconde que le doute et les questions deviendraient des compagnons de route permanents: Sont-elles heureuses? Suis-je assez? Mon affection peut être arriver à la hauteur d’une vie et d’un confort que je ne pourrais jamais leur offrir? Peut-on aimer moins un parent qu’un autre? Je n’imaginais pas que je devrais lutter pour rester à flots quand la tristesse prendrait le pas sur la raison.
Je ne savais pas.
Putain, je ne savais rien.
En réalité, je ne me doutais pas une seule seconde que je grandirais autant.
Que le manque me conduirait à chérir les moments passés ensemble.
Que je pourrais réfléchir aux valeurs que je voulais impérativement transmettre, sans faire de compromis.
Que chaque porte fermée, chaque caillou sur la route, chaque bras ouvert, chaque doute, chaque chagrin, chaque questionnement ferait finalement de moi une meilleure maman.
Il me semble que grandir c’est s’effeuiller. Ôter une à une les couches qui recouvrent notre âme. On se découvre petit à petit. Lentement. Gentillement. Quittant l’une après l’autre la couche précédante. Celle qu’un temps on a pris pour la dernière. Celle qui nous définissait pour un temps.
Les épreuves, les grands tournants, les temps de chaos, si on y resiste, nous ôtent plusieurs couchent d’un coup. Celles que la vie tranquille aurait mis du temps à voir tomber, les voilà qui brutalement s’envolent. Nous laissant comme nu. Nous découvrant tout autre. Mais tellement plus proche de ce qui constitue notre âme.
Merci pour ce très beau partage. ❤️
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